Par Anne-Sophie GIRAUD
En Europe, dans un futur proche, les États endettés ont renoncé à leur souveraineté au profit de multinationales, immenses agrégats économiques ultra-puissants. Parmi ces nouvelles « sociétés titans », Prométhée, l’une des plus puissantes et dangereuses, ne cesse d’étendre son emprise sur la Fédération. Son but : remplacer la police par une milice privée, le Black Squad, dirigée par le dangereux Munro, et créer une armée d’hommes robotisés, les Mékas. Sirius, flic idéaliste, veut se battre pour empêcher la disparition du monde dans lequel il a vécu. Il va entrer en résistance et diriger un groupe d’élite, la Section Zéro, qui utilise tous les moyens, y compris l’illégalité et la violence. Derrière ce combat politique se joue également pour lui le combat d’un père et d’un mari pour retrouver les siens.
Section Zero – Bande Annonce The Rolling Stones… par CANALPLUS
Aux dires d’Olivier MARCHAL, ce « western urbain d’anticipation post apocalyptique » comme il le désigne, sonne comme un « cri d’alarme » sur le monde qui nous entoure. Un « trop plein de violence » que le réalisateur a voulu exprimer au travers de Section Zéro.
On retrouve dans la série les ingrédients du cinéma d’Olivier MARCHAL : un monde violent où la morale n’a plus sa place mais où une certaine fraternité subsiste, le tout poussé à son paroxysme dans ce futur anxiogène pas si lointain (2024).
Une fois de plus, l’univers sombre est un prétexte pour révéler la nature des hommes, ici durs et vulnérables, violents et sans espoirs jusqu’à la création de cette Section Zéro, un groupe de héros décidé à prendre les choses en main et à affronter une milice privée du nom de Black Squad qui fait régner l’ordre et la terreur sur la ville, se substituant à la police. Ils sont prêts à tout pour cela, quitte à utiliser des méthodes pires que celles de leurs adversaires car comme le dit Sirius Becker (l’excellent Ola RAPACE), choisi pour diriger ce groupe de résistants, dans la série « J’ai choisi la violence parce qu’elle est nécessaire ». Nécessaire pour remettre de l’ordre dans la société et lutter pour un monde meilleur. Car oui, ces flics – souvent au bout du rouleau – sont de grands idéalistes qui se battent dans l’espoir de retrouver un peu du monde « d’avant ». Avant que Prométhée et les multinationales n’étendent leur emprise sur le monde.
Si l’on ressent inévitablement les influences de Mad Max, Blade Runner ou encore Les fils de l’homme, on ne peut s’empêcher aussi de penser à deux séries : Banshee (Cinemax), notamment pour la violence des scènes de combat ou encore Trepalium (Arte), tournée dans le même temps et qui repose elle aussi sur la séparation de la ville en deux avec d’un côté, les pauvres et de l’autre, les riches. Mais la comparaison avec la série d’Arte s’arrête là car Section Zéro part dans une toute autre direction.
D’autre part, là où les récits d’anticipation se focalisent habituellement sur un monde hyper-connecté et ultramoderne, ici l’on s’en éloigne complètement. Quand on découvre les décors et les voitures, on a plutôt l’impression de se retrouver trente années en arrière que dans le futur.
Mais l’ambiance de la série repose aussi en grande partie sur ses décors, montrant les différences entre la ville haute (habitée par ceux qui ont le pouvoir) et la ville basse (lieu de violence extrême où sont entassés les pauvres, les marginaux, les dealers, etc.). Tournée durant 7 mois en Bulgarie, près de Sofia, dans des conditions extrêmes, Section Zéro exploite à fond les paysages délabrés et les endroits insalubres d’un pays en « ruine » (des friches industrielles, une carrière désaffectée, des zones arides, etc.), lieux de trafics en tous genres, pour recréer cette ambiance glauque de la ville basse, même si beaucoup de plans (comme la partie sur le quartier des déviants) ont également été tournés dans les immenses studios de Boyana.
Enfin, tous les nombreux personnages principaux ont chacun leur « part du gâteau » à défendre grâce à des rôles très développés, dont les destins se croisent ou se retrouvent en parallèle, au fur et à mesure que l’histoire se déroule sous nos yeux.
Si l’on retrouve au casting une partie de la « famille marchalienne » comme Francis RENAUD (métamorphosé dans le rôle de Robert Bianchi, le plus fidèle serviteur de Sirius), Catherine MARCHAL (Elie Klein, la flic intègre) ou Tcheky KARYO (Pascal Varnove, le mystérieux fondateur de la Section Zéro), c’est un plaisir de découvrir de « nouvelles têtes » dans des rôles parfois à mille lieux de ceux dans lesquels on aurait pu les imaginer. A commencer par Pascal GREGGORY (Henry Munro), plus habitué aux films d’auteurs qu’aux films d’action, glaçant dans son rôle de méchant à la tête du Black Squad ou Laurent MALET, que l’on prend plaisir à redécouvrir dans le rôle de Papa Charly, le flic à l’ancienne désabusé. Sans oublier les deux révélations, Juliette DOL (Cheyenne Rodriguez, la coéquipière de Sirius Becker) et Michaël ERPELDING (Tony Balestra, un jeune flic dévoré par l’ambition et prêt à tout pour gravir les échelons).
En bref, on ne peut que vous conseiller de vous plonger corps et âme dans l’univers de cette Section Zéro, percutante et haletante, dirigée de main de maître par Olivier MARCHAL, et qui s’inscrit dans un genre trop peu exploité en France.
Section Zéro –Saison 1 (2016, TV, 8*52′)
Une série créée par Olivier MARCHAL et Laurent GUILLAUME
Une série réalisée par Olivier MARCHAL (épisode 1 à 7) et Ivan FEGYVERES (épisode 8)
Sur un scénario de Olivier MARCHAL, Laurent GUILLAUME, Franck PHILIPPON, Edgar MARIE, David MARTINEZ et Yann BRION
Avec : Ola RAPACE (Sirius Becker), Francis RENAUD (Robert « Bob » Bianchi), Juliette DOL (Cheyenne Rodriguez), Catherine MARCHAL (Elie Klein), Pascal GREGGORY (Henry Munro), Tcheky KARYO (Franck Varnove), Hilde DE BAERDEMAEKER (Diane Becker), Michaël ERPELDING (Tony « Batskin »Balestra), Laurent MALET (Papa Charly), Igor SKREBLIN (Saber), Gérald LAROCHE (Karl Josephson), Marc BARBE (Janko), Jean-Michel FETE (Eric Van Zandt), Maud JUREZ (Lucy Lee), Stefan IVANOV (Dan Sorensen), Patrick DESCAMPS, …
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