Festival du Cinéma Européen en Essonne 2013 – Jour 1 (13/11/2013)

Par Simon CHEVALIER

En ce premier jour de Festival, nous avons pris la direction du Ciné 220 à Brétigny pour une rencontre avec Jacques DOILLON et la projection de son dernier film : Mes séances de lutte. Malheureusement, le réalisateur, souffrant d’une sciatique, n’a pu être présent et ce fut Grégoire MARCHAL de la société de distribution KMBO qui le représenta.

Afin d’en savoir plus sur le cinéaste, un entretien qu’il avait accordé il y a quelques années fut lu devant l’assistance. Jacques DOILLON parle de son intoxication pour le Septième Art qu’il a contractée dès ses 6 ans en allant voir des westerns dans un petit cinéma du vingtième arrondissement parisien. Son premier choc artistique fut La passion de Jeanne d’Arc de Carl-Theodor DREYER. Pour celui qui travailla dans une compagnie d’assurances puis fut postier ambulant, intégrer le monde du cinéma n’était pas envisageable. Quand on lui demande de citer ses références, il parle de L’Atalante de Jean VIGO et des Amants Crucifiés de Kenji MIZOGUCHI. La salle de cinéma lui fait peur, sa préférence va à la télévision avec son écran plus petit, moins effrayant et la possibilité de faire « pause ». Quand à Internet, il ne s’en sert que comme dictionnaire, étant un inconditionnel de l’encyclopédie en ligne Wikipédia.

De toutes façons, ce réalisateur de 27 longs-métrages ne voit plus beaucoup de films depuis ses 30 ans et a peu de DVD. Toute sa vie est concentrée sur son œuvre : quand il ne travaille pas, cet artiste infatigable s’ennuie. Ce qu’il préfère dans l’élaboration d’un film, c’est le tournage durant lequel il se montre courtois mais ferme, détestant les conflits. Celui qui a dirigé entre autres Isabelle HUPPERT ou encore Alain SOUCHON se voit comme un « director » à l’anglaise plutôt que comme un réalisateur ou un metteur en scène, terme qu’il laisse au théâtre. Ce qu’il déteste, c’est le montage. « Ceux qui aiment ça devraient être fusillés sur place » affirme-t-il.

Jacques DOILLON a fait très peu d’adaptations, réfutant à payer des droits, ce qui grèverait son budget. Les 2 exceptions à cette règle furent des commandes donc autant dire qu’elles ne font pas partie de ses œuvres préférées. Il aurait adoré travailler avec Spencer TRACY, qu’il préfère à un Marlon BRANDO, trop maniéré. Pour finir, celui qui fêtera ses 70 ans l’année prochaine rejette toute idée de retraite, cherchant encore à s’améliorer et définissant son cinéma de chaotique et d’imprévisible.

Grégoire MARCHAL évoqua ensuite son travail avec Jacques DOILLON qu’il trouve semblable à ses films, ne faisant aucune concession afin de les rendre plus grand public tout en étant nostalgique de l’époque où la concurrence était moins grande et où il pouvait atteindre les 100 000 entrées.

Puis fut diffusée une interview du cinéaste réalisée par le Groupement National des Cinémas de Recherche à l’occasion de la sortie de son dernier film Mes séances de lutte. Il y évoque entre autres l’écriture du scénario qui a beaucoup évolué au moment du tournage, sa volonté de se limiter à 18 scènes contrairement aux autres films contemporains ainsi que le travail avec ses acteurs Sara FORESTIER et James THIERREE.

Enfin, un prix spécial fut remis pour saluer les 40 ans de carrière d’un réalisateur qui n’a pas fini de nous étonner comme le démontre sa dernière œuvre dont vous pouvez retrouver notre critique ici.

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