Par Simon CHEVALIER
Une vision subtile de l’Algérie contemporaine
Cela fait 20 ans que Samir et Amal sont mariés. Pour fêter cet événement, ils prévoient une soirée chez des amis puis un repas au restaurant. Pendant ce temps, leur fils Fahim et ses amis errent dans Alger, tentant de trouver leur place.
Pour son premier long-métrage, Sofia DJAMA traite un sujet aussi difficile que délicat : le mal-être des Algériens depuis la guerre civile qui a divisé leur pays dans les années 90. Née à Oran, la réalisatrice maîtrise un scénario qui se dévoile petit à petit nous laissant percevoir les divergences qui opposent les adultes – partir et surtout faire partir leurs enfants pour trouver une vie meilleure ou rester et se battre pour relever le pays – et la désillusion des adolescents, héritier d’un lourd passé et dépourvus d’avenir. La construction du film alterne les 2 générations qui avancent en parallèle et ne se comprennent plus les rares fois où elles se croisent. Sur fond d’islamisation, la tension est palpable dans chaque scène et est d’autant plus ressentie qu’on s’attache très vite aux personnages joués par d’excellents acteurs dont la lauréate d’un prix de la meilleure actrice à la Mostra de Venise pour ce film : Lyna KHOUDRI.
Les Bienheureux nous permettent de mieux comprendre un pays dont le passé est chargé de non-dits. Une leçon d’histoire autant qu’un grand film.
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