[Bilan Cinéma] Mon année Cinéma 2014

slide bilan ciné Anne-So

Par Anne-Sophie GIRAUD

Maintenant que l’année 2014 est achevée, il est temps de regarder un peu de quoi elle a été composée. Ce « bilan » n’a pas vocation à être exhaustif puisqu’il est, de toute façon, impossible d’avoir vu l’intégralité des films français sortis en salles, bien que leur nombre soit en baisse cette année (177 contre 193 en 2013).

J’aurais pu me contenter de dresser un bilan en forme de classement comme ce fut le cas en 2012, mais cela me paraissait délicat dans la mesure où beaucoup de films m’ont échappé cette année. Retour donc sur quelques moments choisis, avec soin je l’espère.

Les coups de cœur

On commence donc par mes coups de cœur (qui n’engagent que moi) et ils sont assez rares cette année pour les citer. Ce n’est d’ailleurs pas totalement innocent si tous deux se situent dans un registre qui m’est cher et qui retrouve petit à petit ses lettres de noblesse au cinéma.

Marseille : De Guerre Lasse réalisé par Olivier PANCHOT (07/05/2014)

De Guerre Lasse

Avec : Jalil LESPERT, Tcheky KARYO, Hiam ABBASS, Mhamed AREZKI, …

Deuxième long-métrage de son réalisateur, Olivier PANCHOT, après le discret Sans Moi (2007), De Guerre Lasse fait l’effet d’un uppercut de par sa violence et son âpreté. Si, de prime abord, le film est présenté comme un pur polar, non dénué d’une ambiance « western », il bascule petit à petit dans une histoire de tragédie familiale très shakespearienne qui n’en est pas moins intéressante. L’interprétation saisissante de Jalil LESPERT et la mise en scène soignée, aussi bien dans le style visuel que dans l’ambiance sonore, nous plonge immédiatement dans une atmosphère étouffante et éprouvante, loin d’un Marseille de carte postale, où la tension est omniprésente. On retient son souffle jusqu’à la dernière scène devant cette montée de violence. Un film dont on ne ressort pas indemne…

La prochaine fois je viserai le cœur de Cédric ANGER (12/11/2014)

La prochaine fois je viserai le coeur

Avec : Guillaume CANET, Ana GIRARDOT, Jean-Yves BERTELOOT, …

Pour son troisième long-métrage, après Le Tueur et L’Avocat, Cédric ANGER a décidé de s’intéresser au tueur de l’Oise, un gendarme serial killer, parfaitement incarné par Guillaume CANET (qui nous plonge dans la personnalité de ce personnage ambigu et névrosé), et silencieux tel le Samouraï (1967) de Jean-Pierre MELVILLE, cinéaste auquel le film fait immédiatement penser de par son atmosphère glaciale. La prochaine fois je viserai le cœur adopte le point de vue du serial killer nous offrant le portrait froid d’un psychopathe terrifiant et provoquant un malaise général qui envahit le film, qui engendre un sentiment d’effroi chez le spectateur.

Les films que j’ai appréciés

Dans cette catégorie, on retrouve des films qui, sans pour autant être des coups de cœur, ont, pour moi, marqué l’année 2014 de par leurs qualités ou leur audace.

De toutes nos forces de Nils TAVERNIER (26/03/2014)

De toutes nos forces

Avec : Jacques GAMBLIN, Alexandra LAMY, Fabien HERAUD, …

Connu pour son travail documentaire sur le handicap, Nils TAVERNIER revient ici à la fiction avec un sujet qu’il connaît bien. Mais au-delà d’un film sur le handicap – remarquablement traité, loin des clichés habituels -, De toutes nos forces est avant tout un film sur la « reconstruction » de la relation entre un père et son fils handicapé quasi inexistante au travers de l’exploit sportif et du dépassement de soi. Une véritable leçon de vie, sincère, poignante et pleine de vie qui donne envie de se dire « Quand on veut, on peut », où l’émotion est à fleur de peau, sans pour autant que le film ne tombe dans le pathos.

La French de Cédric JIMENEZ (03/12/2014)

La French

Avec : Jean DUJARDIN, Gilles LELLOUCHE, Céline SALETTE, Mélanie DOUTEY…

Après le très étonnant Aux Yeux de Tous (véritable exercice de style), Cédric JIMENEZ revient en force avec La French (au budget faramineux de 21M€), un polar rétro en digne héritage des films français des années 1970 et des films de Martin SCORSESE, qui impose son style d’emblée. Jean DUJARDIN, parfait dans le rôle du Juge Michel revient dans un registre dramatique qui lui avait déjà réussi dans Contre-Enquête de Franck MANCUSO. Mention spéciale aux seconds rôles, et particulièrement à Bernard BLANCAN, quasi méconnaissable dans le rôle du Commissaire Lucien Aymé-Blanc. Bien que le film ne se veut pas une « œuvre documentaire », on regrettera tout de même quelques libertés prises avec le réel et notamment le non-bégaiement de Zampa, incarné ici par Gilles LELLOUCHE qui constitue pourtant un pan clé de sa personnalité, et qui a conduit au voyou qu’il est devenu pour surmonter ce complexe d’infériorité. La rencontre entre le juge et Zampa fait elle aussi partie des libertés prises avec le réel, bien que le face à face soit très réussi. On pourra également déplorer quelques longueurs, sans qu’elles ne soient pas rédhibitoires à l’ensemble. Mais on ne peut que féliciter son réalisateur pour avoir livré un film exigeant qui n’en reste pas moins une œuvre populaire, dont la reconstitution de l’époque (le Marseille des années 1970) est particulièrement soignée.

Les « Je m’attendais à mieux mais j’ai bien aimé quand même »

Dans cette catégorie, il y a les films que nous attendions de pied ferme et qui, du coup, nous déçoivent quelque peu, probablement à cause de l’exigence qu’on avait envers eux. Ils ne sont pas mauvais – loin de là – mais au vu des précédents films de leurs réalisateurs, on pouvait décemment s’attendre à – encore – mieux.

Mea Culpa de Fred CAVAYE (05/02/2014)

Mea Culpa

Après les très réussis Pour Elle et A Bout Portant, on attendait avec impatience le nouveau film de Fred CAVAYE. Avec Mea Culpa, il reprend les ingrédients de ses films précédents (une famille en péril et un duo d’acteurs – ici Vincent LINDON et Gilles LELLOUCHE), pour nous offrir un thriller haletant, mais non dénué de sentiments. Si les premières minutes aperçues au Showeb quelques jours avant nous avaient d’ailleurs mis l’eau à la bouche, on ne peut s’empêcher d’être légèrement déçu en sortant de la salle. Si Fred CAVAYE s’impose comme le maître du film d’action français avec des scènes de bagarres jubilatoires (notamment celle du TGV) et de courses poursuites haletantes (les arènes) avec un budget limité, le scénario montre assez vite ses limites : le tout manque de cohérence et de continuité entre les scènes d’action, tout comme les personnages manquent d’épaisseur pour qu’on s’y attache réellement contrairement au film précédent. Quant au twist final, même si l’on loue le fait d’avoir voulu surprendre le spectateur, il demeure trop invraisemblable pour pouvoir remplir cette fonction.

Le dernier diamant de Eric BARBIER (30/04/2014)

Le dernier diamant

Avec : Yvan ATTAL, Bérénice BEJO, Jean-François STEVENIN, …

Après le très bon Le Serpent en 2006, on attendait de pieds fermes le nouveau film d’Eric BARBIER…ce qui explique peut-être qu’on a été légèrement déçu par celui-ci. Le dernier diamant renoue avec le film de casse (genre oublié en France depuis les années 1970, mais largement récupéré depuis aux USA avec des films comme Ocean’s Eleven de Steven SODERBERGH) et rien que pour cela son intention est louable. Or, ce qui fait la « magie » de ce genre de film, c’est un scénario parfaitement millimétré à l’image de celui d’un casse. Ici, bien que le film soit un bon polar, ce n’est pas toujours le cas : le film souffre de quelques invraisemblances et longueurs ainsi que d’un scénario parfois convenu, hormis pour le rebondissement du 3e acte. Reste une mise en scène classique mais efficace, une très belle photographie (signée Denis ROUDEN) et un casting impeccable dominé par Yvan ATTAL qui excelle dans ce rôle.

Les regrets…et les déceptions

Cette année, mes regrets concernent surtout les films que je n’ai pas pu voir et ils sont nombreux. Suite à un choix de vie personnel (retourner en province), l’accès aux cinémas n’est plus aussi facile qu’à Paris. En vrac, je pourrais notamment citer : Hippocrate de Thomas LILTI, Les Combattants de Thomas CAILLEY, Respire de Mélanie LAURENT, Saint-Laurent de Bertrand BONELLO, L’homme qu’on aimait trop d’André TECHINE, Elle l’adore de Jeanne HERRY, Party Girl de Marie AMACHOUKELI, Claire BURGER & Samuel THEIS, La Belle Vie de Jean DENIZOT, Un illustre inconnu de Matthieu DELAPORTE, La Vie Sauvage de Cédric KHAN, …

Concernant les déceptions parmi les films vus cette année, je pencherai pour Week-Ends de Anna VILLACEQUE, Une Autre Vie de Emmanuel MOURET et 96 Heures de Frédéric SCHOENDOERFFER. Le premier parce qu’il a quand même réussi l’exploit de me faire sortir de la salle avant la fin du film et que c’est la première fois que ça m’arrive en plus de 10 ans de pratique cinématographique. Le second parce qu’il aurait pu connaître le même sort tant c’était plat et qu’il ne s’y passait rien, prouvant qu’Emmanuel MOURET n’est décidément pas à l’aise dans le drame. Quant au 3e, il aurait pu faire partie des bons polars sortis en 2014 et cités plus haut si seulement il s’y passait quelque chose et que l’histoire n’était pas truffée d’incohérences grotesques. Sur le papier, le face à face Niels ARESTRUP / Gérard LANVIN avait de la « gueule ». En réalité, il n’en ressort pas grand-chose.

Les révélations

Au milieu de cette année 2014, quelques révélations ont éclos, que ce soit du côté des jeunes comédiens ou des jeunes réalisateurs.

Côté acteurs, on pourra citer deux des comédiens de La crème de la crème de Kim CHAPIRON : Alice ISAAZ déjà aperçu en 2013 dans La Cage Dorée de Ruben ALVES et Jean-Baptiste LAFARGE, déjà vu en 2010 dans Les Yeux de sa Mère de Thierry KLIFA. Tous deux, bien que faisant partis de la liste des 32 pour les révélations aux César, ne font pas partie de la sélection finale, mais il faudra les suivre attentivement dans les années à venir car nous seront forcément amenés à les revoir.

Mention spéciale à Xavier GALLAIS qui, bien qu’il n’ait plus grand-chose à faire dans la catégorie « Révélations » réalise des débuts remarqués au cinéma dans un tout premier rôle, celui du Prince Antoine, avec le premier long-métrage de Boris BAUM, Une Braise sur la Neige, dont Simon CHEVALIER vous a déjà dit le plus grand bien dans son bilan.

Côté premiers longs-métrages, on citera Papa was not a Rolling Stone de Sylvie OHAYON, avec Doria ACHOUR, Aure ATIKA et Marc LAVOINE. La première citée, dont c’est le premier grand rôle au cinéma, fait également partie de « nos » révélations. Malgré des approximations dans sa réalisation, c’est un premier film réussi qui a su nous toucher par sa sincérité, sa fraîcheur et son énergie, tout en évitant les clichés sur la banlieue (et la manière de la filmer).

Le deuxième film, passé relativement inaperçu lors de sa sortie, mais qui a su retenir notre attention, est La Braconne de Samuel RONDIERE, qui met en scène un duo improbable composé d’un malfrat à l’ancienne un peu usé (Patrick CHESNAIS) et d’un petit voyou (Rachid YOUCEF) dans un western urbain se situant dans une ZAC. Récit de leur rencontre et de leur – difficile – cohabitation, le réalisateur évite les pièges du buddy movie et nous offre un véritable film d’ambiance à la sécheresse parfois déconcertante. Un film noir comme on aimerait en voir plus souvent.

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