Par Anne-Sophie GIRAUD
Scorpion nous plonge dans l’univers violent des combats clandestins où tous les coups sont permis. Le film raconte l’histoire d’Angelo (Clovis CORNILLAC) qui, écarté injustement des championnats de boxe thaï, tue accidentellement son challenger. Lorsqu’il sort de prison six ans plus tard, il est devenu une épave. Pris en charge par Marcus (Francis RENAUD), un mafieux, il va remettre les gants pour participer à des combats clandestins.
Au-delà de combats clandestins, la scénariste Sylvie VERHEYDE choisit plutôt de nous montrer la descente aux enfers et la résurrection d’un cogneur au grand cœur, qui ne sait se servir que de ses poings. Il ne s’agit pas d’un simple film de boxe, le sujet est bien plus profond, et l’histoire n’est pas seulement celle d’un homme qui se bat : le film parle de rédemption, de sentiments, de loyauté. Scorpion, c’est d’abord l’histoire d’un homme qui aspire à une vie normale avec une femme et des enfants après avoir connu de nombreuses galères.
Le free-fight étant un sport brutal, Julien SERI s’est appuyé sur la sécheresse des coups pour penser sa mise en scène. Le film reflète cette brutalité extrême d’autant plus que, comme il s’agit de combats illégaux dans le film où il n’y a pas de règles, il y a encore plus de bestialité qui s’en dégage. Il y a un aspect barbare et dérangeant de la violence sans pour autant en faire l’apologie (cf. le premier combat d’Angelo contre Alain FIGLARZ qui a également chorégraphié les combats).
L’entraînement de Clovis CORNILLAC qui a duré 10 mois lui a permis de faire de longues prises et d’éviter l’écueil du montage hyper-découpé où on peut rapidement être perdu tant les combats de free-fight sont complexes. A la base, Julien Seri souhaitait utiliser quatre caméras pour filmer les combats ; or, avec le faible budget du film, il n’en a eu que deux. Comme il est question de vidéos diffusées sur Internet dans le film, ils ont rajouté deux caméras DV qui ont permis, au final, de donner un autre grain à l’image et de filmer dans des endroits compliqués en multipliant les angles de prise de vue.
Mais le combat le plus violent du film ne se situe pas sur le ring. Il s’agit de celui entre Virginie (Karole ROCHER) et De Boers (Olivier MARCHAL) car, à ce moment-là, elle combat pour sauver sa vie et celle de son fils, mais aussi pour retrouver sa liberté, et non simplement pour une victoire et quelques billets comme le fait Angelo sur le ring.
Cependant, le vrai combat d’Angelo ne se situe pas sur le ring. Pour lui, le free-fight n’est qu’un moyen de renaître. S’il accepte la proposition de Marcus, c’est avant tout pour séduire Virginie, la barmaid, qui, au début, le voit comme un looser et ainsi lui montrer son vrai visage.
Pour les scènes intimistes, et afin de contrebalancer des scènes de combat très barbares, Julien Seri a préféré une réalisation plus intimiste, un peu dans le style de Ken LOACH, qui prend son temps, et caméra à l’épaule.
Plus qu’un film sportif, Scorpion parle de descente aux enfers et évoque également le dépassement de soi, la domination de ses démons intérieurs. C’est la raison pour laquelle il est à la fois glauque et plein d’espoir car rien n’est jamais fini avant le coup final.
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