[Flashback] Paris (2008) de Cédric KLAPISCH

Par Michaël ROSSI

Si Paris vaut bien un film, filmer Paris peut difficilement valoir plus que le fantasme photogénique d’une dame de fer aux courbes éternelles. De manière plus prosaïque, le prestige de l’étiquette ne garantit aucune validité au concept « d’anthropomorphisme urbain ».
Ce dernier, relevé subtilement chez Michael MANN (Collatéral), Sofia COPPOLA (Lost in Translation) ou Paul HAGGIS (Collision), s’avère gauchement exploité dans la série cœur marshmallow des Paris, Je t’aime / New-York, I love you. Certes, Woody ALLEN ne peindra pas son New-York (Whatever Works) comme il (se) représentera Paris (Midnight in Paris).
Néanmoins, spécialement d’un point de vue étranger, deux approches émergent. La première démarche se veut intime / réaliste et s’interdit toute singerie populaire de la métropole, au risque de s’en dissocier (Lost in tranlation). La seconde, en apparence moins subtile (Midnight in Paris), s’enfièvre des prénotions en s’exposant pleinement aux lumières chimériques, héritage d’une perception déformée, statique, d’une ville monde. De l’impressionnisme « woodywoodien », festoyant des clichés franciliens, au réalisme sensible d’un Tokyo Chaotique (Lost in Translation), ce Pari(s) franco-français ne choisit pas.

Et si, dans ce long métrage, tout n’était que Paris ? Cette ville où le moderne (Mélanie LAURENT), pur et insolent, meurtrit l’ancien (Fabrice LUCHINI). Cette ville où les milliers d’histoires gravitent autour d’un cœur affaibli (Romain DURIS). Paris se meurt dans un bourdonnement narcissique. Paris regarde par la fenêtre et prend la mesure de son époque. Le temps est une succession de photographies à travers lesquelles se meuvent les soupirs parisiens. La ville lumière « va peut être crever, elle nous le dit, et nous on l’engueule ».

Curieux comme l’addition de millions de vies humaines peut devenir un « objet urbain évolutif » avant d’être personnifiée à nouveau. En ce sens, KLAPISCH triomphe.
Pour autant, si la ville se prête volontiers au plaisir acidulé de ce film choral, il semblerait partial d’en négliger les faiblesses. La principale critique de cette méthode « en puzzle », très appréciée des réalisateurs français, réside dans l’entassement brutal d’une multitude d’éclats émotionnels. Le quantitatif prend le pas sur la précision narrative et l’étirement des sentiments. Seul un casting exceptionnel pourrait légitimer un tel découpage. Fort heureusement, la brochette d’acteurs est particulièrement savoureuse. Malgré une partition quelque peu monogame, le niveau d’interprétation se maintient au niveau attendu.

Et Paris dans tout ça ? Elle explose, sans se nommer, sans se vanter, au travers de chaque rencontre, chaque personnalité. Elle fait son cinéma, choisit sa musique, manipule les choix et les envies. Elle gesticule silencieusement et affiche sans complexe ses courbes immortelles. Tout ce cinéma lui va si bien.

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