Par Simon CHEVALIER
Une comédie policière de 1942 étonnamment moderne dans ses dialogues et anarchiste dans son propos.
Un tueur en série rôde dans Paris. N’hésitant pas à signer ses crimes, ce « M. DURAND » agace au plus haut point les autorités qui charge le commissaire Wenceslas VOROBEITCHIK, appelé par tous Wens, de l’arrêter sous 48h. Flanqué de sa délirante épouse, une chanteuse en mal de notoriété, celui-ci se fait passer pour un ecclésiastique afin d’enquêter dans une pension de famille où des indices ont été découverts et qui se situe 21, avenue Junot à Montmartre.
Pour son premier film, Henri-Georges CLOUZOT fait preuve d’une légèreté qui tranche avec les univers plus tragiques de ses 2 chefs d’oeuvre que sont Les Diaboliques et Le Salaire de la Peur – Palme d’Or à Cannes en 1953. Sorti en pleine Occupation, ce long-métrage a probablement dû passer miraculeusement entre les griffes de la censure tant il malmène les forces de l’ordre. Cependant, il est à noter que lesdites forces de l’ordre sont des gendarmes français et qu’il n’est nullement fait mention de la présence allemande, la proximité présumée du réalisateur avec le régime nazi pouvant expliquer cet état de fait. Réunissant une pléiade de vedettes de l’époque, principalement venues du théâtre, L’assassin habite au 21 est porté par un duo au jeu remarquablement moderne : Pierre FRESNAY, toujours impeccable et la trop méconnue Suzy DELAIR dont la fantaisie n’est pas sans nous rappeler une certaine ARLETTY, l’accent gouailleur en moins.
En adaptant un roman belge dont l’action se situe à Londres, écrit par Stanislas-André STEEMAN, Henri-Georges CLOUZOT signe ici une première oeuvre prometteuse en mêlant références prestigieuses – Fritz LANG est très clairement évoqué au début du film -, enquête captivante et humour intemporel.
Réseaux Sociaux