Festival du Cinéma Européen en Essonne 2013 – Jour 7 (19/11/2013)

Par Simon CHEVALIER

Mardi 19 novembre, nous étions de retour au Ciné 220 de Brétigny pour la projection du premier long-métrage de la comédienne Marilyne CANTO, Le Sens de l’Humour, dans lequel elle tient également un rôle.

La réalisatrice, accompagnée de son acteur principal (et compagnon) Antoine CHAPPEY et de Roxane ARNOLD, représentant la société Pyramide Distribution, est venue présenter un film très personnel le lendemain de son 50ème anniversaire !

La séance a commencé par un court-métrage de Vincent MARIETTE, Les Lézards, racontant l’histoire de 2 copains qui attendent au hammam une fille à qui l’un deux a donné rendez-vous. Ce film repose entièrement sur le potentiel comique de son duo d’acteurs Vincent MACAIGNE et Benoit FORGEARD.

Puis, Marilyne CANTO nous brosse un beau portrait de femme dans l’incapacité d’aimer après la perte de son mari. Conférencière au musée du Louvre et maman d’un petit garçon de 10 ans, c’est une Parisienne pressée qui court entre son travail, les courses et son… amant.

Après le film, l’équipe a livré quelques confidences sur son projet. La réalisatrice a qualifié son œuvre de comédie dramatique au sens que tout part d’un drame mais que les personnages se tournent progressivement vers la vie. Les scènes de comédie sont nombreuses sans qu’on puisse les qualifier de comiques. Pareillement, le titre s’est imposé très vite avant même l’écriture du scénario: cette histoire nous incite à prendre « le sens (la direction) de l’humour ».

Si Marilyne CANTO a choisi ce sujet, c’est qu’il est autobiographique (la cinéaste a perdu son compagnon le comédien Benoît REGENT en 1994) : elle voulait faire un film d’amour tout en s’intéressant au danger de la proximité étouffante entre une mère et son enfant après un tel drame ; parler de ces moments où la vie est brisée et qu’il faut trouver le courage de se relever.

Antoine CHAPPEY & Maryline CANTO

Interrogée sur le fait de tourner avec son compagnon, l’actrice-réalisatrice a indiqué avoir voulu filmer une réelle complicité à l’image de couples comme John CASSAVETES et Gena ROWLANDS ou Spencer TRACY et Katharine HEPBURN. Pour Antoine CHAPPEY, ce n’est pas un film comme un autre. Il précise qu’il partage le même amour du jeu et la même façon de travailler avec sa conjointe mais également avec Samson DAJCZMAN qui joue le rôle du fils du personnage principal. D’ailleurs, Marilyne CANTO a développé une vraie relation affectueuse avec cet enfant (qui la touchait par sa sensibilité, mélange de drôlerie et de mélancolie) en apprenant à le connaître plutôt qu’en le faisant répéter. Ce jeune acteur, qui n’avait que 9 ans au moment du tournage, n’avait pas envie de faire le film au début et se montrait très désinvolte mais il a finalement découvert le plaisir de jouer la comédie et s’est ensuite parfaitement intégré à l’équipe jusqu’à être ému de devoir quitter le plateau avec une envie très forte de continuer le cinéma.

En ce qui concerne ses influences, celle qui a reçu un César en 2007 pour son court-métrage Fais de beaux rêves se sent proche de Philippe GARREL (dont elle a été l’assistante, pour le côté technique) mais surtout de Manuel POIRIER. Avec le réalisateur de Western, elle partage cette envie de filmer à la manière d’un documentaire, de se reposer sur l’improvisation (même si les scènes majeures étaient très écrites) et de se concentrer sur les choses de la vie sans trop expliciter son propos : pour cela, elle fait confiance au spectateur.

Ensuite, l’équipe a évoqué avec honnêteté le budget du film : 700 000€ (l’un des films les moins chers de l’année, selon Antoine CHAPPEY), monté sans l’aide de chaînes comme Canal+ ou Arte mais seulement avec l’avance sur recettes. Cette contrainte financière ne fut pas un problème sur le tournage, au contraire. Maryline CANTO nous a fait part de sa joie de travailler avec une équipe réduite, elle qui a participé à des projets beaucoup plus importants. Cela a ainsi créé une ambiance familiale et a permis d’éviter de perdre du temps sur des détails. Un spectateur a fait un parallèle avec Eric ROHMER qui avait la même démarche. En revanche, le manque d’argent s’est ressenti sur la postproduction et notamment le montage, étape magique de la préparation d’un film selon la réalisatrice car, avec les nouvelles technologies, tout devient possible.

Antoine CHAPPEY est ensuite revenue sur ses débuts tardifs de comédien à 27 ans, indiquant qu’il a gardé son métier d’avant, libraire, ce qui lui permet de ne pas avoir à démarcher les réalisateurs ce qui équivaudrait à de la prostitution, selon lui. Il préfère aujourd’hui se contenter de retrouvailles agréables avec ceux qui l’ont déjà fait tourner et ne sélectionne que les bons films. Marilyne CANTO, elle, a confié son envie d’adapter un livre bien qu’elle ne se soit pas encore mise à sa table de travail.

Pour conclure, une spectatrice a mis le doigt sur le point fort du film Le sens de l’humour : la force de la retenue des sentiments, très proche de la vie réelle.

Vous pourrez vous faire votre propre opinion lors de sa sortie en salles le 26 Février prochain

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