Exceptionnellement, vous pouvez retrouver ci-dessous 2 critiques pour le Yves St-Laurent de Jalil LESPERT. La première est signée Christina MANTELET et la seconde est par Simon CHEVALIER.
Par Christina MANTELET
Ce film est sans nul doute une pierre précieuse pure et brute, taillée avec une remarquable finesse et une poétique émouvante.
À seulement 21 ans, en 1957, le jeune Yves Mathieu Saint-Laurent est propulsé à la direction artistique de la grande maison de mode Dior. Seulement voilà, les circonstances houleuses entre la France et l’Algérie compliquent tout lorsqu’il est appelé à prendre les armes. Ce qu’il ne fera bien évidemment pas puisqu’il est directement envoyé en hôpital psychiatrique. Pierre Bergé, son amant et grand amour ne renonce cependant pas à réaliser les rêves d’Yves, lui donnant la possibilité de créer sous son propre nom.
Alors qu’un second film sur cette icône de la mode se trouve en salle de montage en vue du prochain Festival de Cannes, on regretterait presque que ce ne soit pas la version de Jalil LESPERT qui y soit présentée.
Son Yves Saint Laurent est un vrai petit joyau étincelant de mille facettes dans les sorties française de ce début d’année. Dès le début, on ressent que ce film va nous bouleverser. Pour ceux qui s’attendent à voir un film sur le monde de la mode, attendez plutôt la sortie de la version avec Gaspard ULLIEL en tête d’affiche, car cette version est bel et bien un film sur la vie du Grand Couturier, sous la forme d’un hommage tendre et mélancolique.
C’est en effet une histoire sur Yves, comme nous le montre le titre du film, dont la caméra se resserre jusqu’à ce que nous ne voyons plus que « Yves » s’inscrire en nous laissant voir le visage de Pierre NINEY, avec en voix-off Guillaume GALLIENNE qui interprète Pierre Bergé.
L’interprétation que nous livre ces deux acteurs de la Comédie Française est tout bonnement époustouflante, mais aussi brillante et empreinte d’une véritable puissance. Rarement de telles interprétations furent aussi convaincantes et vivaces que celles auxquelles nous assistons devant ce film. Mais cela vaut également pour les autres acteurs que l’on voit presque autant que le personnage central lui-même puisqu’ils agissent comme des satellites qui viennent donner encore plus de lumière à Saint-Laurent. C’est d’ailleurs une sensation de satellites que nous ne pouvons pas renier, puisque l’assimilation avec le satellite Spoutnik est citée dès les premières minutes.
Ce serait aussi passer à coté de quelque chose d’important que de ne pas parler de la musique et de la photographie du film, qui s’unissent à merveille. La musique bouleversante alliée à des images remplies d’émotions et de poésies, tantôt tendres tantôt sulfureuses, ne peuvent que séduire et nous bouleverser, certainement tout autant que l’histoire dépeinte sous nos yeux.
Ce film est sans nul doute une pierre précieuse pure et brute, taillée avec une remarquable finesse et une poétique émouvante.
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Par Simon CHEVALIER
Un film touchant qui explore tout du célèbre couturier sans tabou ni voyeurisme.
De l’Algérie de son enfance au panthéon de la mode, Yves Saint-Laurent a eu un parcours hors du commun grâce à 2 éléments : son talent et l’amour fou que lui portait Pierre Bergé. Cet esthète qui ignorait tout du monde du stylisme avant sa rencontre avec le couturier sût apporter à Yves Saint-Laurent toute l’affection et la protection nécessaire à l’explosion de son génie créatif. Mais les années 1957-1976 que couvre ce film ne furent pas sans heurts générés par l’état maniaco-dépressif et autodestructeur de celui que l’on appelait « Le petit prince de la mode« .
L’interprétation est à la fois la clé d’un biopic réussi mais aussi le principal écueil de ce genre cinématographique. La performance de Pierre NINEY est ici si époustouflante que l’on se demande si elle n’est pas inédite. Car il ne s’agit pas de maquillage ou d’artifice mais de grâce, de saisir l’âme d’une personne, de s’approprier ses émotions, ses joies comme ses tourments. Le fait qu’un acteur de 24 ans puisse le faire avec autant de maitrise tient presque du miracle. Evidemment, il n’y a pas de bon jeu sans bon partenaire et Guillaume GALLIENNE est tout aussi excellent. La structure même du film, avec la voix de Pierre Bergé s’adressant à Yves Saint-Laurent en fil rouge, isole ces deux personnages et éclipse quelque peu les autres acteurs même si aucun n’a à rougir de sa prestation. La musique d’Ibrahim Maalouf est également très importante et rythme nos émotions jusqu’à ce point culminant du « Défilé de la renaissance » où la Traviata nous déchire le cœur. Le film se termine sous la forme d’un épilogue où, derrière la douceur se cache l’insupportable absence de l’être aimé.
En cette période de soldes, symbole de l’hyper-consommation, ce biopic de Jalil LESPERT nous invite à renouer avec l’intemporel, le rare et le beau, la beauté d’une robe, la beauté d’un amour est ce qu’il restera toujours quoi qu’il arrive.
Mais c’est qu’il y a de la concurrence!!! lol 😉
Félicitations à Christina pour sa critique!!!
Félicitation à toi Simon, tu as exactement réussis à pointer ces petites choses que je ne savais exprimer 😉