[Critique] Möbius (27/02/2013)

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Par Christina MANTELET

Gregory Lioubov (Jean DUJARDIN), un agent russe de la FSB a pour mission de collecter des informations sur un puissant homme d’affaire, Ivan Rostovski (Tim ROTH). Pour arriver à ses fins, il monte une petite équipe composé d’agents français, monégasques et russes, et se trouve une taupe à la RBI, Alice (Cécile DE FRANCE). Seulement voilà, même l’agent le plus performant du monde fini par faire des erreurs et celle de Lioubov est d’entrer en contact avec Alice, la trader, qui ignore tout de lui, et surtout qu’elle travaille pour lui. Entre eux s’installe une histoire d’amour sur fond de mini guerre froide entre la CIA et le FSB, entraînant des instants qui se balancent entre romantisme, danger et suspicions.

Ce film marque clairement une bouffée d’air fraîche dans le cinéma français. Scénarisé comme aurait pu l’être un film américain, il évite cependant tous les dangers d’une reproduction hasardeuse, de quelque chose qui aurait pu être réalisé avant et en mieux. Eric ROCHANT semble avoir réfléchi comme les américains dans les premiers temps du cinéma, c’est-à-dire, qu’un peu à l’image d’un D.W. GRIFFITH, il a eu pour ambition de revaloriser le cinéma français en reprenant ce qui fonctionne dans le cinéma américain, pour créer un nouveau film tourné à la française, mais avec un coup d’audace qui vaut le détour, tout comme Griffith en créant un cinéma Américain pour réagir face au succès des films Européens qui, croyez-le ou non, étaient LE cinéma dominant dans les années 1910. Si ce film n’a peut-être pas le standing que l’on réclame pour se faire connaître à travers le monde comme un Bienvenue chez les Ch’tis ou un Intouchables, il n’en reste pas moins qu’il demande à être connu, voir même reconnu pour ce qu’il apporte de novateur au cinéma français. Certes, le film reste encore un peu maladroit par instant et on a parfois du mal à imaginer que ce qui se déroule est plausible, mais le film nous transporte suffisamment pour que nous adhérions à ce qu’il nous raconte.

Pour ce qui est du casting, il est certain que cela fait du bien de voir Jean Dujardin, que nous avons trop tendance à associer au comique, voire burlesque depuis The Artist, dans un rôle à la mesure de l’ambition internationale à laquelle il peut maintenant aspirer. Il ne fait peut être pas un russe très convaincant, mais il est clair que le dramatique et l’action lui sied mieux que le rôle d’un surfeur qui attend sa vague. Pour ce qui est de Cécile de France, on peut vaciller un peu vers la déception, tout en voulant la féliciter pour ce qu’elle apporte au personnage qu’elle incarne. Même si sa prestation reste tout à fait bonne, il manque un petit quelque chose qui pourrait nous faire ressentir toute l’importance et la double identité de cette trader, ce qui n’est clairement pas mis en valeur. Et bien sur, nous ne pouvons parler du casting, sans vouloir applaudir de nos deux mains la présence de Tim Roth, qui reste égal à lui même et inégalable, encore une fois, dans le rôle du méchant. Méchant ? Au fond, ce personnage l’est-il vraiment ?

En tout cas, le casting a très bien été choisi et on ne peut que féliciter Eric Rochant de nous avoir livré un tel film avec des acteurs que nous ne connaissons que trop bien dans certains rôles, pour finalement nous les livrer dans des prestations qui changent la perception que nous avons d’eux.

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