Par Simon CHEVALIER
Un film que l’on peut qualifier de sensoriel.
Ecrivaine et résistante, Marguerite DURAS doit, en 1944, faire face à l’arrestation de son époux Robert ANTELME. Contre l’avis de son réseau et notamment de son camarade Dyonis, elle décide de se rapprocher d’un agent de la Gestapo afin de pouvoir sauver son mari.
Voici une oeuvre qui traite l’émotion sous toutes ses formes. Après un début très intellectualisé, c’est la force de la simplicité qui s’impose. Le réalisateur sait filmer au plus près les visages afin d’ausculter presque cliniquement ce qui ressort de la psychologie de ses personnages. D’autant plus qu’il s’intéresse à une période particulièrement méconnue : les ultimes heures de l’Occupation à Paris. Ce moment charnière où les collaborateurs sentent que la fin est proche tout en jetant leurs derniers feux et en profitant de leurs éphémères privilèges. Mais si la peur est brillamment retranscrite, que dire de la douleur du manque de l’être aimé? Avec en paroxysme, la scène où Mélanie THIERRY explose et exprime sa souffrance de manière animale et totalement désinhibée. Les mots se bousculent et sont pourtant tellement insuffisants : incroyable, bluffante, extraordinaire. Rarement une crise de nerfs aura été aussi réaliste à l’écran.
Jouer un personnage comme Marguerite DURAS, voir ses émotions disséquées pour enfin se mettre à nu dans une scène éprouvante : Mélanie THIERRY réussit tous les challenges demandés par Emmanuel FINKIEL – qui l’avait déjà dirigée dans Je ne suis pas un salaud – et se place déjà comme favorite pour les prochains Césars, elle qui a été nommée consécutivement ces 2 dernières années.
Réseaux Sociaux