Par Simon CHEVALIER
François OZON dresse de magnifiques portraits d’hommes brisés
Alexandre est banquier, catholique pratiquant, marié et il a 5 enfants. François est un père de famille athée. Emmanuel est un homme fragile à la vie sentimentale et professionnelle instable. Leur point commun ? Tous ont été les victimes du père Preynat, prêtre pédophile qui a sévi durant des années. Quand Alexandre se rend compte que son agresseur est toujours en contact d’enfants plus de 25 ans après les premiers signalements à l’Eglise et ce, malgré les aveux de ce dernier, il porte plainte…
Quand François OZON s’attaque au scandale de la pédophilie dans l’Eglise, il ne fait pas les choses à moitié : il choisit la plus médiatique des affaires – mettant en cause le cardinal BARBARIN, accusé d’avoir couvert les faits – dont le procès n’a pas eu lieu – avec des accusés qui sont donc présumés innocents – et utilise les véritables identités de ces derniers – ce qui n’est pas le cas des victimes. Se crée ainsi une polémique dont le film se serait bien passé tant il est fort émotionnellement et riche de 3 parcours de souffrance totalement différents. Les personnages principaux portent, en effet, une douleur à la fois identique et tellement personnelle. Melvil POUPAUD, Denis MENOCHET et le petit nouveau dans la filmographie du réalisateur Swann ARLAUD sont impressionnants en mêlant pudeur, colère et solidarité.
Eric CARAVACA, Josiane BALASKO, Hélène VINCENT, Frédéric PIERROT… Le casting impressionnant de cette œuvre est ressenti fortement comme un engagement de tous ces artistes pour dénoncer le pire des crimes et soutenir l’association née de cette histoire et dont le film retrace la genèse : La Parole Libérée. Un engagement que doit également prendre le spectateur en se confrontant à ce long-métrage, beau et utile.
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