Par Anne-Sophie GIRAUD
Alors que la 34ème édition du Festival du Premier Film Francophone de La Ciotat s’est ouverte mardi soir avec la présentation de Je suis à vous tout de suite en présence de Baya KASMI (sa réalisatrice), Michel LECLERC (le co-scénariste) et Agnès JAOUI (l’actrice principale), hier après-midi était présenté le premier long-métrage de Gilles BANNIER (qui a déjà œuvré sur Reporters ou Paris à la télévision), Arrêtez-moi là. Il est venu accompagné d’un des comédiens, Gilles COHEN (que l’on peut retrouver actuellement dans la deuxième saison du Bureau des Légendes sur Canal +) et qui joue l’avocat du personnage principal, Samson Cazalet (interprété par Reda KATEB).
Comme le veut la programmation du festival, Arrêtez-moi là était précédé d’un court-métrage. En l’occurrence, Pitchoune, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en 2015, réalisé par Reda KATEB…qui n’est autre que l’acteur principal de Arrêtez-moi là qui met en scène ici ses années de galère en tant qu’animateur dans les salons avant de rencontrer le succès que l’on connaît.
La projection de Arrêtez-moi là s’est poursuivie durant une demi-heure par une séance de questions-réponses animée par Yves ALION (directeur artistique du Festival), entre le public et les invités, Gilles BANNIER et Gilles COHEN, qui leur ont permis d’expliquer certaines démarches dans la construction du film. Le réalisateur a alors évoqué sa volonté d’ancrer son film dans la réalité pour raconter cette erreur judiciaire, tout en évoquant une « justice française à deux vitesses » qu’il voulait dépeindre dans le film.
Ce qui intéressait Gilles BANNIER également c’était de montrer un avocat débordé et pas suffisamment bon pour assurer la défense de son client, au contraire de la plupart des films sur la justice où le clou du spectacle est la plaidoirie brillante d’un cador du barreau. Car, en assistant à de nombreux procès lorsqu’il s’est documenté pour Engrenages, il a découvert qu’il y avait beaucoup plus d’avocats moyens ou pas très bons, que de très bons avocats, capables de renverser un verdict par leur talent. Ce qui lui a donné envie de raconter un film avec la question « Que se passe-t-il si l’avocat n’est pas très bon ? ».
A propos des policiers, il insiste sur le fait qu’il voulait montrer ce qui peut se passer sous pression pour ces policiers d’une petite ville, peu habitués aux affaires criminelles, et qui se retrouvent « pressés » par le préfet, la presse, etc. à propos de cette affaire de disparition qu’ils se doivent de résoudre rapidement, en tentant de faire de leur mieux face à des faisceaux aussi troublants que ceux qui accusent Samson.
Gilles BANNIER et Gilles COHEN
Il est aussi revenu sur l’adaptation du roman américain et les problèmes qu’elle avait posée au niveau de la transposition au système judiciaire français, insistant sur le fait que tous les faits présents dans le film ont été validés par un avocat pénaliste, ce qui fait toute la force du film. Et rappelant, qu’à la différence du roman ou de son adaptation, dans le fait divers original, le personnage n’a pu être jugé car il est décédé en prison avant son procès.
A propos du personnage de Samson, il voulait que le personnage ait une vie intérieure très riche avec son chat et sa musique qui suffisent à le combler comme il le dit au début du film. Ces personnes-là développent une certaine sagesse, voire une philosophie de vie, qui leur permettent de se révéler dans des épreuves comme celle-ci. C’est la raison pour laquelle il fait preuve d’une certaine miséricorde et de sagesse face à tout ce qui lui arrive.
Pour conclure, Gilles BANNIER rappelait que si autant de fictions, de films ou de séries télévisées, racontent des histoires policières ou de justice, c’est parce que c’est passionnant car ça met notre humanité à l’épreuve et que ça permet de montrer la grandeur et la finesse de l’homme en même temps. Il s’agit donc d’une matière très riche pour la fiction.
Dès la semaine prochaine sur FrenchCineTV, vous pourrez retrouver notre entretien avec Gilles BANNIER où il revient notamment sur son passage au long-métrage avec Arrêtez-moi là ainsi que sur la série Paris diffusée sur Arte en janvier 2015.
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